Le préfet de Mitzic a finalement été condamné à 12 mois de prison dont 5 mois avec sursis et 7 mois de prison ferme, ainsi que 300 000 Fcfa d’amendes (450 Euros) et 500 000 Fcfa de dommages et intérêts (750 Euros).
Les deux braconniers commandités par le préfet ont écopé de 10 mois de prison dont deux mois avec sursis et huit mois de prison ferme. Ces deux braconniers avaient été pris en flagrant délit par un agent des eaux et forêts avec dans leur véhicule (celui du préfet en fait) trois mandrills, un céphalophe à dos jaune, trois autres céphalophes et un toucan. L’ordre de mission de braconnage signé par le préfet qu’ils ont exhibé ne les a pas couverts, tout au contraire. Le préfet s’était même rendu sur place pour aider ses braconniers et avait giflé l’agent des eaux et forêts.
Il ne s’attendait certainement pas à être arrêté et traité comme les prisonniers ordinaires, et ce pendant les sept longs mois qu’il a déjà passé en prison. L’impunité n’était donc plus à l’ordre du jour et cela constitue un pas remarquable vers la bonne gouvernance. Qui aurait pu croire qu’une autorité allait être si sévèrement condamnée pour ce type d’infraction ? Les autorités ont en tout cas fait preuve de détermination et ont voulu donné à ce procès valeur d’exemple, tant vis-à-vis de la protection de l’environnement que de la lutte contre les abus d’autorité et la corruption.
A ce titre, le Gabon vient d’être classé 102ième sur 176 au classement de Transparency International, alors qu’il était classé 100ième l’année passée. Il demeure dans la zone rouge des pays des pays où la corruption constitue l’obstacle majeur au développement durable. Ceci corrobore une indication faite par la Commission Nationale de Lutte Contre l’Enrichissement Illicite en mars dernier, selon laquelle le pays perd chaque année plus de 250 milliards de francs CFA au titre des détournements, dessous de table, flux illicites des capitaux, etc. Toutefois, dans la sous-région d’Afrique centrale, le Gabon est en meilleure position que le Tchad (165e avec un score de 19), la Guinée Equatoriale (163e avec un score de 20) mais aussi le Cameroun, le Centrafrique, le Congo Brazzaville, tous 144e ex-æquo avec un score de 26 points. Fait remarquable, Sao-Tomé & Principe devient le pays considéré comme étant le moins corrompu de l’Afrique centrale.
Le combat mené par Conservation Justice et le réseau LAGA pour l’application de la loi sur la faune passe inévitablement par la lutte contre la corruption, au sein des institutions mais aussi de certaines ONG elles-mêmes.