Le dernier sculpteur/vendeur d’ivoire arrêté à Libreville le 24 mai dernier par les contre-ingérences et les Eaux et Forêts, avec l’appui du projet AALF, a été condamné en date du 28 juin 2011. Il écope d’une peine de prison de 12 mois dont 6 mois avec sursis, d’une amende de 500 000 Fcfa et de dommages et intérêts de 10 000 000 Fcfa.
Selon l’article 275 du code forestier, les délinquants fauniques seront en effet punis d’un emprisonnement de trois à six mois et d’une amende de 100 000 à 10 000 000 de francs CFA ! L’article 92 du code forestier prévoit que la chasse, la capture, la détention, le transport et la commercialisation des produits d’espèces intégralement protégées. Hors, l’éléphant est une espèce intégralement protégée comme confirmé défini dans le décret n° 164/PR/MEF du 19 janvier 2011 relatif au classement et aux latitudes d’abattage des espèces animales.
Seme Henri, ressortissant Camerounais, était arrivé au Gabon en 1981 et vit de la sculpture et du trafic d’ivoire depuis cette période. Ne pouvant plus vendre ces productions au village artisanal en raison de l’arrestation de ses principaux clients (qui sont toujours en prison depuis novembre 2010), il focalisait son commerce illégal à des particuliers qui s’approvisionnaient directement chez lui. Précisons que l’ivoire sculpté qu’il vendait était principalement destiné au marché asiatique (baguettes, « hankos » ou cachets asiatiques,…).
Il s’agit dont d’une décision de justice qui concrétise la volonté politique de lutter contre le grand braconnage des éléphants et le trafic qui en est la cause. C’est manifestement la première fois qu’un sculpteur/vendeur d’ivoire est condamné à une peine aussi sévère. La justice a donc pris acte des évènements récents et des massacres d’éléphants dont souffrent certaines zones du Gabon, notamment dans la zone de Minkebe e de Wonga-Wongue il y a quelques mois. Le combat contre les trafiquants ne se limitent donc plus seulement aux actions de terrain mais est poursuivi au niveau des tribunaux par les autorités compétentes. Espérons que cela permettra d’enrayer un trafic en plein essor, en raison d’une demande asiatique toujours plus importante entraînant une croissance rapide des coûts de l’ivoire.
Le Projet AALF (Appui à l’Application de la Loi sur la Faune), développé par Conservation Justice (www.conservation-justice.org), suit la méthodologie de LAGA (www.laga-enforcement.org) en matière de renforcement de la loi, et a initié ses activités au Gabon en octobre 2010.