Le 27 septembre 2012, une opération mixte entre les Eaux et Forêts, le projet AALF (Appui à l’Application de la Loi sur la Faune) et les Contre-Ingérences ont conduit à l’arrestation d’un trafiquant de peaux de panthère. Ce dernier avait eu la chance d’échapper aux précédentes arrestations depuis 2011 mais a fini par être arrêté en possession de 6 peaux de panthère, deux queues d’éléphant.
Ce réseau de trafiquants vendait plusieurs peaux par mois, ce qui occasionnait l’abattage de nombreuses panthères par des braconniers dans tout le pays.
Peuplant autrefois les continents asiatique et africain, de la Sibérie à l’Afrique du Sud, la répartition de la panthère ou léopard (panthera pardus) s’est fortement réduite en raison de la chasse et de la perte de son habitat. La recherche de peaux pour la décoration est la principale cause de cette triste tendance. Les collectionneurs qui achètent ces peaux sont originaires d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient, d’Asie mais aussi d’Europe et d’Amérique du Nord.
Ce chasseur puissant est souvent respecté et craint, alors que les cas d’attaque sont plus que rares. Il est en tout cas sacré pour de nombreux groupes ethniques gabonais. C’est le cas dans les cultures mitsogo et pouvi, avec la société secrète nzergho (du léopard). Mais toutes les ethnies du Gabon accordent un grand respect au léopard. C’est d’ailleurs la peau de panthère qui est un des symboles les plus forts du rite initiatique « Bwiti », notamment dans le cadre des danses traditionnelles. Bien que sa peau et ses dents sont utilisées traditionnellement, on dit souvent que tuer un léopard attire les mauvais esprits sur les chasseurs et le village concernés par l’abattage d’une panthère et une cérémonie devait traditionnellement être organisée pour les en chasser. C’est en tout cas ce qu’explique l’ethnographe et auteur gabonais André Raponda-Walker qui assista à l’une de ces cérémonies durant trois jours près de Fougamou. C’est peut-être aussi par le respect que cette espèce impose qu’elle a été choisie comme symbole de l’équipe nationale de football du Gabon.
Ceci n’empêche malheureusement que les peaux de panthère sont commercialisées et exportées vers le Nigéria, l’Europe et bien sûr l’Asie.
Aujourd’hui, la survie de ce félin repose sur la place que voudra bien lui accorder la société moderne et seule une application stricte de la loi par les autorités, les forces de l’ordre et les Eaux et Forêts pourrait permettre sa survie sur le long terme.
Rappelons encore que la chasse, la capture, la détention, le transport et la commercialisation des espèces intégralement protégées sont interdits et que les infractions vis-à-vis de ces espèces sont punis de 3 à 6 mois de prison et des amendes allant de 100 000 à 10 millions de francs. Les trafiquants arrêtés devront ainsi répondre de leurs actes devant la justice gabonaise.