Un atelier sous-régional sur le trafic des espèces sauvages et le démantèlement des réseaux illicites transnationaux s’est déroulé du 3 au 5 avril 2012 au Gabon. Un évènement au cours duquel il était prévu la destruction par le Président de la République des stocks d’ivoires saisis
En prélude à cet atelier, Le Ministère des Eaux et Forêts et l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) ont diligenté une mission pour la réalisation d’un audit sur les stocks de saisies d’ivoires et des armes de chasse. Cette mission s’est déroulé du 27 mars au 5 avril 2012 aux fins de procéder à leur destruction et surtout de mettre en place un système de traçabilité qui ne souffrirait d’aucune contestation.
La gestion des différents stocks dans les tribunaux, directions provinciales des Eaux et Forêts et autres lieux de stockage constituait une sérieuse problématique puisque l’ivoire était souvent dérobé et détourné par des trafiquants sans scrupules. La vente officielle d’ivoire vers un pays demandeur (Chine ou Japon) a été envisagé ne constituait pas une solution car elle compliquerait davantage les contrôles et la différenciation entre l’ivoire « légal » et illégal. Comment en effet garantir que de l’ivoire vendu en Chine est issu d’une vente « légale » ? Les études ont en tout cas confirmé que la plupart de l’ivoire vendu soi-disant légalement en Chine est issu de sources illégales.
C’est sans doute ce qui a poussé le Gouvernement de la République Gabonaise à la réalisation de cet inventaire. Les équipes auditrices étaient composées des agents du Ministère des Eaux et Forêts et de l’Agence Nationale des Parcs Nationaux, qu’accompagnaient un expert de TRAFFIC, des Assistants en Conservation du WWF et un juriste de Conservation Justice, dans un souci de transparence des opérations.
Après que la décision fut prise de brûler le stock d’ivoire national, l’inventaire réalisé a servi de base pour garantir la transparence dans les opérations de transfert de l’ivoire sur Libreville.
C’est le mercredi 27 juin 2012 que le Président de la République a procédé à la destruction des ivoires ayant fait l’objet de l’audit. Brûler le stock national d’ivoire est un geste fort du gouvernement Gabonais dans la lutte contre le trafic d’ivoire et la corruption, qui en est à la fois la cause et la conséquence. Le message en direction des trafiquants d’ivoire est clair : non, au trafic d’ivoire au Gabon. C’est une décision courageuse qu’il faut féliciter et c’est ce qu’à confirmé le Ministre des Eaux et Forêts dans son allocution en insistant sur la volonté de ses services de mettre en place toute une série de mesures destinées à diminuer le braconnage.
1215 défenses d’ivoire ont pu être incinérées ainsi que plus de 300 kg d’ivoire sculpté. Ceci devra décourager les trafiquants d’ivoire internationaux qui voudraient s’aventurer au Gabon. Espérons que les pays voisins suivent cet exemple, et que les lois s’harmonisent dans la sous-région et dans le monde. Le Gabon a d’ailleurs entamé la révision de son Code Forestier et le durcissement des peines encourues par les trafiquants d’ivoire.
Le Président Ali Bongo Ondimba a appelé la communauté internationale à “faire pression sur les pays qui continuent le commerce “pour, a-t-il dit, “qu’ils comprennent que ce qui est en train de se passer est dangereux pour nous, pays d’origine. […] A partir du moment où il n’y a pas de demande, l’offre disparaîtra“. Il a ajouté que “Nous ne voulons pas laisser à nos enfants une forêt déserte. C’est pour cela que nous ne pouvons pas accepter que ce trafic continue. Nous aurons une tolérance zéro par rapport aux trafiquants et braconniers“, a affirmé Ali Bongo. Il a promis une répression sans faille des délinquants et des peines de prison plus lourdes.